Disque ami : Rémi Charmasson Quintet,
The wind cries Jimi
   
 

Jouer le répertoire, interpréter les œuvres des autres, y repérer sa propre vie, abolir les frontières des champs mentaux est une démarche passionnante. Las, trop souvent ces derniers temps les reprises (ou covers) deviennent autant de faire et défaire valoir, de signes de pannes d’autres répétitions, d’impossibilités de saisir le présent. On se méprend en célébrations de toutes sortes qui n’ont plus grand rapport avec le sujet, le rapport formel n’étant pas un rapport, celui qui consiste à faire le malin avec des caches misères de luxe non plus. Ce qui compte quel que soit l’auteur, c’est de ne pas emprunter les raccourcis.

The wind cries Jimi de Rémi Charmasson et son quintet balaie en deux temps trois mouvements ces angoisses de langage. Le guitariste avignonais n’est pas né du dernier souhait pluvieux et ça s‘entend. DE SUITE. La démarche (jouer des thèmes d’Hendrix) n’est pas seulement juste, elle a l’ambition naturelle de ce qui a produit le plus beau de la musique populaire, le plus intelligent, ce qui suggère formes et couleurs avec belle sensualité. Bien plus que la préhension de la musique d’Hendrix (impressionnante) ce qui frappe, c’est celle de la perception de ce que cet univers a apporté au monde, celle de la lecture d’une époque qui peut encore nous donner beaucoup à condition de ne pas la réduire à quelques amulettes. Charmasson et son gang effronté comme l’amour (Laure Donnat, Perrine Mansuy, Bernard Santacruz, Bruno Bertrand) ne prennent pas de libertés, ils sont libres, libres comme le vent. Alors ils peuvent tout offrir, s’ébrouer de pleines formes de connivences, citer, évoquer, creuser, filer, hurler, siffler, décocher, caresser, danser, embrasser, déployer toutes sortes de traits. The wind cries Jimi, chantier charnel au corps intégral servi par un quintet d’éblouissantes affinités, trace le lieu où les amours évoluent et où s’agitent les reflets des plus belles unités du côté de la vie pleine. Celle qu’il est impossible de confisquer. Merci Rémi Charmasson Quintet, merci de tout cœur.


 
Rémi Charmasson quintet : The wind cries Jimi (Ajmiséries) AJM 23
Laure Donnat (chant), Perrine Mansuy (claviers), Bernard Santacruz (basse), Bruno Bertrand (batterie), Julien Gaillard (solo de guitare sur « People get ready »)
 
 
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