A sense of a journey : 30 avril, musée des confluences (Lyon)
   
 
Lance Henson / DR

« Dans le Dakota, une femme - probablement l’épouse d’un des musiciens - était assise dans un coin pensant tout l’enregistrement. À la fin, elle m’a dit « merci d’être venus, nous sommes un peuple oublié » Ça restera gravé dans mon esprit. »

Entretien de Tony Hymas par Christian Gauffre, in Jazz Magazine, mars 1990

En 1990, Tony Hymas (musicien connu pour sa vaste curiosité qui l’a amené aussi bien à jouer avec Jeff Beck que Sam Rivers, le London Symphony Orchestra que Michel Portal), publie Oyaté, album fort remarqué devenu classique, portraits musicaux de 12 chefs indiens de la moitié du 19e siècle : Crazy Horse, Geronimo, Captain Jack, Manuelito, Sitting Bull... plus que des noms mythiques, ce sont d’extraordinaires résistants. Il travaille étroitement avec de grandes voix indiennes contemporaines, poètes, chanteuses, musiciens tels John Trudell, Barney Bush, Carlos Nakaï, Floyd Westerman, Joanne Shenandoah ou Jim Pepper… ainsi qu'avec des chanteurs traditionnels de la réserve de Standing Rock. Le résultat décrit par Serge Loupien dans Libération le 31 décembre 1990 comme « Le projet le plus fou de l’année. » n’est pas un moment unique mais ouvre une nouvelle voie où le pianiste développe une relation forte notamment avec le poète shawnee Barney Bush (auteur du livre My horse and a juke box). Très vite, ils deviennent une de ces frappantes paires mots et musique, où chacun inspire intensément l’autre. Ce n’est plus alors du passé qu’il s’agit, mais des réalités indiennes contemporaines, d’une représentation de l’Indien vivant qui brise les stéréotypes et interroge nos propres vies. Les titres parlent d’eux-mêmes : « Because you will not listen », « No more », « Fleeting Hope, A last Song for Children », « Contrary to popular belief », « Directions in our blood »… Y sont honorés aussi d’autres grands résistants contemporains comme Leonard Peltier ou Leroy Jackson. Les doubles albums Remake of the American Dream et Left for Dead en sont les étapes marquantes. Le flûtiste et chanteur comanche Ed Tate Nevaquaya, les chanteurs cree et navajo Merle Tendoy, Geraldine Barney ou le Shawnee Nation United Remnant Band sont d’autres compagnons de cette longue route. Ensemble, ils ont sillonnés les chemins d’Europe tout au long des années 1990. Le dernier concert a eu lieu à Minneapolis aux États-Unis en 2006.

Barney Bush, grande voix indienne, nous a quittés le 18 septembre 2021, année d’une ultime collaboration avec « Warrior for sale », titre enregistré avec Tony Hymas, année du désir de reprendre cette grande aventure.

« Ses textes grondent comme le tonnerre, éclatent comme la foudre, réveillent les esprits d’une pluie de mots rageurs. »
Martine Laval, in Télérama, 5 avril 1995

À Lyon, le 30 avril, son grand ami, le Cheyenne Lance Henson, dira les mots de Barney Bush avec Tony Hymas au piano en compagnie de la clarinettiste Catherine Delaunay (à l’instinct musical sûr par exemple avec l’ONJ, François Corneloup, Davu Seru) et du chanteur Arapaho-Cheyenne Mitch Walking Elk (membre de l’AIM). Il dira aussi un de ses textes en hommage à son ami pour apostiller cette « Sensation de voyage » (1).

Lance Henson a grandi avec ses grands parents, près de Calumet en Oklahoma dans les traditions du peuple cheyenne. Remarquable poète, il a publié 28 ouvrages (le premier en 1971 : Gardien des flèches) traduits en 25 langues et deux pièces de théâtre. Il a été délégué de la nation Cheyenne à la Conférence des peuples autochtones des Nations unies de Genève en 1988.

Mitch Walking Elk, Cheyenne du Sud-Arapaho (et aussi en partie Hopi) est né et a grandi en Oklahoma. Vivant à Minneapolis-St paul, cœur de la contestation indienne à partir de 1968 avec la création de l’American Indian Movement, Mitch Walking Elk chante pour soutenir les peuples indigènes, chants traditionnels ou chanson blues-folk. Il est l’auteur d’une biographie intitulée There will be no surrender. Il est aussi coordinateur de l'Indigenous Youth Ceremonial Mentoring Society (enseignement dans le district scolaire de St Paul des cérémonies traditionnelles des nations tribales indigènes)

(1) « An sense of journey » (Barney Bush Tony Hymas) figure dans Remake of the American Dream et Left for Dead


Avant le concert, projection de photos : Sur la piste de Big Foot
Photographies de Guy le Querrec (Magnum Photos)

« Ces photos allumeront un feu dans votre esprit, un feu qui durera toujours, si vous êtes un être humain digne de ce nom » Jim Harrison.

« Va ton chemin mon enfant, va ton chemin mon enfant, et tu deviendras une nation, chantaient quelques survivants non résignés au lendemain du massacre de Wounded Knee. Il était dit alors que la septième génération née après Wounded Knee ramènerait l'unité du peuple lakota. Cent ans plus tard, les cavaliers des réserves de Standing Rock et Cheyenne River repartent sur les traces de leurs ancêtres. Parmi eux, des enfants de cette septième génération. »

Cent ans après le massacre de Wounded Knee en 1890, où le 7ème de Cavalerie de l’armée américaine assassina le chef Big Foot et les siens, les cavaliers lakotas repartent sur les traces de leurs ancêtres. Guy Le Querrec de Magnum Photos, entraîné par Jean Rochard, fait partie de la troupe. Il a suivi la totalité de cette chevauchée par un froid polaire dans le décor de neige des montagnes du Dakota : « J’ai appris deux mots, froid et courage. » Voici le récit photographique de cette épopée.

Narration des textes de Jean Rochard par Anne Alvaro

Anne Alvaro est comédienne, au cinéma elle a travaillé avec Andrzej Wajda, Raoul Ruiz, Anne-Marie Miéville, Agnès Jaoui, Bertrand Blier (elle a obtenu un César pour deux films des ces deux derniers. Au théâtre, qui est son lieu de prédilection, on a pu la voir dans un nombre impressionnant de pièces, avec des metteurs en scènes comme Bob Wilson, Jean Négroni, Denis Lorca, Georges Lavaudant, Gérard Watkins (avec qui elle interprète actuellement Hamlet).
 
Spectacle réalisé à l'occasion de l'exposition "Sur la piste des Sioux".

Le 30 avril 2022 à 20h
Musée des confluences, Grand auditorium
86 quai Perrache, 69002 Lyon

Tarifs : 16€ - 11,5€
 
 
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