Disque ami : Tomassenko,
Contes nus - La polyclinique des sphères
   
 

À Gisèle, le narrateur demande : « Parle vrai, mais dis quelque chose », elle parle et plus tard, il recommande fermement : « il va falloir faire quelque chose ».

Tomassenko, autrement dit le groupe d’Olivier Thomas et ses copains et copines, est passé maître dans l’art des recherches et trouvailles du « quelque chose ». Et plus encore des deux confondues quand l’art des mots et des notes devient la loupe scrutant les endroits et les envers du décor en titillant ce qui l’habite.

La science naturelle est la véritable leçon de choses. Olivier Thomas, chanteur sans limite au conteur, musicien et explorateur en volée, d’un coup de guimbarde, lance un premier Singulier des pluriels en 1996 avec la crème des musiciens belges. Trois albums plus tard, Thomas & Co devint, en un corps, Tomassenko pour La danse des Komnous. Et vient la rencontre affectueuse avec la clarinettiste Catherine Delaunay et le guitariste Laurent Rousseau. Ce fut quelque chose et Tomassenko se mua en un trio auquel se joignirent aisément d’autres compagnons et quelques Souris dans le maquis.

... Stop … temps confiné...

Dans le monde d’après, Contes nus - La polyclinique des sphères est le nouvel opus de ce groupe-atelier cette fois neuf d’un quartet avec, aux côtés d’Olivier Thomas, Catherine Delaunay bien sûr, et les nouveaux venus, le violoniste alto Guillaume Roy et le guitariste Louis Évrard. Dans la libre tradition de Tomassenko, les titres sont autant d’indications de la géographie d’un cagibi où se love le monde. Exclamation de nos pensées : oh le monde est petit et la musique est belle. C’est « quelque chose ». « Quelque chose » d’une précise liberté d’esprit qui vague à la faveur des avenirs curieux et de tous leurs antécédents. 17 contes où l’on se prend à rêver, l’œil ouvert et l’oreille en trompette, rêver à tous les rêves échoués dans toutes les petites boîtes enfin ouvertes vers l’espace d’où parfois s’échappent aussi des roudoudous.

« Les mots, il suffit qu'on les aime pour écrire un poème » avait écrit Raymond Queneau . Il concluait par « Ça a toujours kèkchose d'extrême un poème ». Les mots d’Olivier Thomas furètent dans des pièces de vis-à-vis aux multiples tenants. De fort belle musique ingénieusement arrangée par sa comparse Catherine, ils y respirent et se taillent. Les voilà qui, si humainement, grattent tous les recoins, séduisent tous les angles, pincent les blessures, dansent en équilibre sur de drôles d’échelles, voltigent dans le creux des cœurs. Cette poésie extrémiste, ça fait « quelque chose » !


• Tomassenko Contes nus - La polyclinique des sphères (T2309 – bandcamp Tomassenko)
 
 
 
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