Disque ami : Malas
Malas : bonne nouvelle de la chanson et du rock made in France !
Dans son aventure Les Baleines publiques (bande dessinée signée Frank et Bom), Broussaille, intrigué par une migration exceptionnelle de mouettes dans Bruxelles - elles disparaissent la nuit pour réapparaître le lendemain - finit par comprendre, au terme d’un voyage où le rêve ranime le réel, alors que les habitants sont frappés d’insomnie, la raison de cette étrangeté en découvrant une baleine au cœur de la ville. Chemin faisant, il rencontre aussi l’amour.
Dans le numéro 23 des Allumés du Jazz (page 34), Muzo suggère qu’on devrait aussi chroniquer les disques par le regard porté sur leur pochette et on aura tout gagnant, avant le grand plongeon dans la musique, de le faire pour introduction du premier disque de Malas, trio salutaire de ce qu’il est convenu d’appeler chanson française (genre simplement déterminé par le fait de chanter des chansons en français).
Une petite fille de dos brave le continuum temporel, appelée par une dimension nouvelle incarnée en une baleine bondissante. La pièce dans laquelle se tient la scène est débordée par l’arrivée de la mer qui offre une lumière spéciale ; bleu marin, empreintes de blues guidant la légèreté de l’enfant dont la danse soulève la robe.
L’histoire du disque simplement appelé Malas (mais le terme est déjà un intrigant programme : substances corporelles baladeuses, chapelet tibétain…), recueil de nouvelles liées, est raconté avec cette lumière là.
Six titres, majestueusement réalisés, pour passer cette fenêtre dormante, ce jet qui ne peut que convenir aux frères humains, six titres aiguisés avec flair pour cette quête de regard où le temps fait place à l’espace comme pour mieux l’enlacer. L’évasion n’est pas un départ, mais l’instauration de l’énonciation même de cette lueur bleue tenace qui conduit au lever du jour – quand bien même la douleur de la vie en bleu s’invite (\"Et que tout explose / Dans un sursis communautaire le monde implose \") au royaume des vagissantes (\"Je laisse aller ma vie dans ce métro rouillé\"), au divorce de l’homme et du monde (qui obsédait Albert Camus), dessinés par l’élément naturel toujours attendu (\"La pluie\").
Nicolas Massouh, Vincent Lefrançois et Olivier Gasnier forment un trio supérieur qui sait où il a les pieds. Les compères chantent, jouent, rockent the clock et dansent avec la plus belle moralité depuis le dernier domicile à connaître. Question de sens premier !
Malas par Malas peut être commandé sur le site www.myspace.com/malashome ou bien au sous sol de la Fnac Montparnasse (où œuvrent les amis du chocolat) rayon chanson.
Sur Malas in Glob