Disque ami : Lila Bazooka, Arashiyama

On pourrait (d'ailleurs, on est en train de le faire) commencer par le côté rareté : "le basson dans le jazz, le rock ou la musique improvisée, ce n'est pas fréquent !" et évoquer Lindsay Cooper, Charles R. Sirard, Karen Borca, ou rappeler que le grand saxophoniste Illinois Jacquet en fit usage. Mais ce serait limiter la bonne surprise à une sorte de "novelty record".

Le disque du duo Lila Bazooka (Sophie Bernado : basson, chant, électroniques et Cécile Grangey : électroniques) aurait pu s'intituler "L'invitation au voyage", le sentiment serait juste, mais ça serait aussi en raccourcir la portée. Bien sûr, il y a la présence du Japon. Plus encore, la musique, par une sorte de frisson tenace, s'accorde, par des possibilités de mouvements qu'on dirait infinies, à franchir toutes sortes de limites opaques, pour, gracieusement, y trouver la lumière immédiatement prétexte à jeux d'ombres.

L'album se nomme Arashiyama, nom d'un site signifiant "montagne de la tempête" que l'on dit merveilleux au printemps et en automne. C'est bien de cela dont nous avons besoin, une musique des deux "autres" saisons, les plus sensibles.



Lila Bazooka, Arashiyama (Ayler records - 2022)