Disque ami : Jérôme Lorichon, Emmanuelle Parrenin, Quentin Rollet, Nosferatu

Les films dits muets furent bien plus sonores que ce qu'autorisa le cinéma parlant des frères Warner. En 1922, Friedrich Wilhelm Murnau commanda une partition au compositeur Hans Erdmann pour son film Nosferatu – Eine Symphonie des Grauens. Erdmann (passionné de Monteverdi) se fit une spécialité de la musique de film (il travailla aussi avec Fritz Lang) et théorisa même sur le sujet. Nosferatu est le film important que l'on sait et sa musique fut perdue avant d'être reconstituée en 1984/1987. On l'entendit donc longtemps autrement ; entre-temps le film fascinant appela d'autres bandes toutes aussi originales.

La plus ensorcelante (c'est le mot) est la plus récente proposée par le trio Jérôme Lorichon - Emmanuelle Parrenin - Quentin Rollet, jouée à la Cinémathèque et publiée (chez Bisou records) dans un subtil livre-disque illustré par Marie-Pierre Brunel, Foolz, Caroline Sury et Alexios Tjoyas (quatre couvertures sont proposées). La musique canalise intérieurement l'intention de Murnau pour mieux l'exhaler. Elle vit le film, elle le traduit pour lui, à côté de lui, par lui. On regrettera évidemment qu'elle ne figure pas dans l'édition récente du DVD 100e anniversaire (cette version en plus de celle d'Erdmann aurait offert une source supplémentaire augurant de tout un siècle à venir disponible pour le chef d'œuvre de Murnau).

Nosferatu par Jérôme Lorichon - Emmanuelle Parrenin - Quentin Rollet sait voler de ses propres ailes parce que le trio a saisi le souffle de toutes les implications poétiques d'un film qui n'a pas fini de faire couler les notes.



Jérôme Lorichon - Emmanuelle Parrenin - Quentin Rollet : Nosferatu - Bisou records, 2024 - distribué par Les presses du réel.