Disque ami : François Couturier, Dominique Pifarély, Preludes and Songs

Nous cherchions dans la fureur, l’humour, la distance... nous y reviendrons bien sûr, mais dans la lumière du refuge, une réponse toute autre s’est distinguée : la douceur du sentiment lucide. Le pianiste François Couturier et le violoniste Dominique Pifarély ont simplement intitulé leur nouvel album pour ECM : Preludes and Songs. Simplement ? Par essence de la teneur de la réponse, peut-être. Le prélude, c’est la libre introduction, celle qui s’autorise tous les voyages, tous les armistices, toutes les formes, tous les soins, toutes les expertises. Il n’est pas besoin de s’échapper pour ne pas se laisser saisir. La chanson, c’est l’être se dessinant en confidence. Preludes and Songs. Évidemment ? Combien existe-t-il de synonymes de « délicatesse », de synonymes de « grâce » pour tenter de décrire cette musique quand la moindre description invite à écouter encore ? (C’est le cas en ce moment même). Entre la terre et la lumière, s’insèrent les corps décalquant leurs ombres, leurs ombres de surcroît (en un seul mot). « La chanson des vieux amants » de Jacques Brel arrive très vite, elle étreint. Nous voilà si saisis, si rapidement saisis que seul un oiseau a la capacité de nous transporter à l’ombre suivante. Un rossignol capable de chanter quand la guerre se prépare et qu’on doit tant écouter. J.J. Johnson (« Lament »), Duke Ellington (« Solitude ») et George Gershwin (« I loves you Porgy ») sont trois autres revenants en ligne de fuite nous rapprochant de la source. Pour trois battements : complainte, solitude et amour. « What us » dit l’avant-dernière composition : entre-temps de question et de réponse. Ce que nous sommes de préludes et de chansons.



François Couturier, Dominique Pifarély : Preludes and Songs (ECM - 2025)