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Disque ami : La Nuit des Morts-Vivants |
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La couverture dit seulement La Nuit des Morts-Vivants. En ces temps où le vivant frise l’impossible, ça frappe. Le dos du disque mentionne en petit « d’après l’œuvre de George Romero » et aligne, en une typographie inquiète, une liste de 25 titres, le nom d’un ingénieur du son (excellent) et quelques remerciements. Les noms des acteurs et actrices (Marie Nachury, Christophe Gauvert, Olivier Bost, Damien Grange, Willy le Corre, Loïc Bedel, Pauline) ne feront leur apparition que dans le décellophanage au moment de l’écoute. Ah oui, il y a l’étiquette de la maison de disque : Arfi. Dans ces recherches de folklores imaginaires, la défricheuse association lyonnaise, créée en 1977, a amplement fouillé les terres de Méliès, Eisenstein, Renoir et inventé une unique manière de jeu, une confection mélodique signée, définissant un territoire de vie. Aussi le nom du réalisateur de La Part des ténèbres et de Zombie, le crépuscule des morts vivants, ainsi que le titre de sa première et plus célèbre œuvre pouvaient laisser présager quelques heureux communs musicaux. La surprise est totale, sans commune mesure.
Pourtant, La Nuit des Morts-Vivants a généré bien des remakes et toutes formes d’échos, inspiré tous types d’expressions, filmées, dessinées, racontées, musiquées. Mais cette nouvelle nuit est littéralement captivante par son choix de situation. À la lettre (mais une lettre à la typographie inquiète), le texte du film est joué en français avec parfois des indications de plan. Et autour des mots, à partir des mots, se meut tout un univers de musique, de chansons, de bruitages en une extravagante partition. Éruption aussi prégnante que retenue à la source. On est saisi autant par l’histoire que par sa sonorité fantastique, ses contrastes débridés, ses tourbillons enchâssés. Sain souvenir du temps où l’on faisait des films dans les disques, à partir de bandes dessinées (La Marque jaune...), de contes (La Trompette enchantée), de dramatiques radio (La Guerre des mondes), on sait aussi toute la puissance du récitatif dans l’histoire de la musique, mais là on est ailleurs. Dans un ailleurs très intérieur qui ne s’est cherché et trouvé que dans le champ strictement romérien, en y inscrivant librement sa fantaisie sans jamais l’affecter extérieurement. L’inverse de la pose « relecture » et ses trop souvent pénibles hauteurs et degrés justifiés. La vertu contaminatrice radicalement musicale opère si bien qu’après la première écoute, la seule envie est de réécouter ce petit prodige.
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La Nuit des Morts-Vivants (Arfi, 2024 distribution Inouïe)
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