Disque ami : Daunik Lazro, Benjamin Duboc, Mathieu Bec, Standards combustion
"Message to love", titre de Jimi Hendrix, est parfois traduit comme "message d'amour", "message à aimer" ou plus singulièrement (plus pleinement) "message à l'amour". On pourrait reprendre ces définitions - ces traductions - comme caractérisation de la superficie émotionnelle de Standards combustion, album enregistré en trio par Daunik Lazro, Benjamin Duboc, Mathieu Bec. La note est bleue et la couverture rouge. Flashback, septembre 1978 : Michel Portal demande à Bernard Lubat : "Tu as entendu Daunik Lazro ?" "Oui, il a un très beau son".
Le son pour le musicien, c'est le scintillement de l'étoile épousant la part solide de l'ombre ; en transformant les ombres chéries en silhouettes de relief, Daunik Lazro a toujours su projeter son regard au loin sans exclusion de la matière. Le moment de l'histoire est celui d'imperceptibles, mais si sensibles, tremblements du langage, et l'hommage est avant tout une élocution partagée, un compagnonnage : Albert Ayler, Steve Lacy, Wayne Shorter, John Coltrane... Jean-Luc Godard aurait dit "Notre musique", ici le trio Lazro, Duboc, Bec chante en moteur d'évidence, évidence de langage, de l'infini des langages. Et l'album (qui comprend aussi deux improvisations et une composition de Lazro dédiée à Steve Lacy) se conclue comme familièrement, en poignante entente, par "Love" de John Coltrane. A message to "Love", aisément.
Daunik Lazro, Benjamin Duboc, Mathieu Bec, Standards combustion, Dark Tree – 2023