Barney Bush - L'heure du loup 8.0
Pour Back on the Fortress, écho-disque de Flying Fortress, Tony Hymas a convié quelques amis, occasion d’entendre une dernière fois Barney Bush avec qui le compositeur britannique a bigrement cheminé.
« Warrior for Sale » a été enregistré quelques temps avant que le poète shawnee ne nous quitte le 18 septembre 2021. Hymas et Bush se sont rencontrés en 1990. La première collaboration entre les deux hommes fut « Captain Jack », salut au chef Modoc, alors dit par John Trudell dans l'album Oyaté. Ensuite, ils gravèrent les albums Remake of the American Dream (pour l’instant indisponible, nous n’aimons pas le terme « épuisé ») et Left for Dead, et donnèrent de nombreux concerts en France, Hollande, Allemagne, Italie et, pour le dernier, aux États-Unis en 2005 à Minneapolis, berceau de l'American Indian Movement dont Barney Bush fut président plus de trente ans auparavant.
Saisissant certaines impasses d'une lutte dure, sans jamais perdre de vue les urgences politiques, il opta alors intensément pour l'écriture : « C'était d'abord un moyen de comprendre la logique d'une langue qui n'était pas celle de mes ancêtres. Ma poésie a été ensuite un acte de confrontation, que je me suis efforcé de transformer en acte d'éducation ».
Interrogé en 1993 sur la chaine Arte par le philosophe Emmanuel Pedler, Barney Bush parle de sa rencontre avec Hymas : « Je me suis mis à aimer cet Anglais, l’esprit et le cœur parlent d’une même voix et cela s’entend dans sa musique (…) Cette musique est composée par un homme qui aime sa propre terre et sait prendre le temps d'écouter son cœur battre. Quand il a entendu cette poésie, il a paru être en pleine alliance avec. La musique de Tony est le cheval sur lequel le cavalier porte ses messages. »
Tony Hymas et Barney Bush ont formé le groupe Left for Dead avec, outre Hymas aux claviers et Bush à la voix, le flûtiste et chanteur comanche Edmond Tate Nevaquaya, la chanteuse navajo Geraldine Barney, le chanteur cree-shoshone Merle Tendoy, le saxophoniste londonien Evan Parker, le guitariste lillois Jean-François Pauvros et le batteur new yorkais Johathan Kane. Une série d’expériences liant intimement musique et poésie qu’en 1993 Barney Bush relatait ainsi au journaliste Jean-Pierre Simard : « Un beau voyage. Un projet qui retransmet sans distorsion, l'esprit des nations indiennes avec un support musical européen. Cela m'a fait pleurer. C'est somptueux de voir/entendre un homme blanc qui aime tellement sa propre culture et l'art, capable de retranscrire une autre culture que la sienne. J'ai cru pendant si longtemps cela impossible que j'ai été vraiment étonné. Depuis je crois aux échanges, à la possibilité pour tous d'évoluer et d'aller au-devant des autres. Dire qu'il a fallu que ce soit un Européen qui me fasse changer d'avis ! » Megwich.
Tony Hymas, Flying Fortress - Back on the Fortress
Tony Hymas, Barney Bush, Left for Dead
Tony Hymas, Oyaté
Les éditions de la Tortue ont publié en 2022, Conversation avec le tonnerre et la foudre de Barney Bush traduit par Sonia Protti (texte anglais et français).