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Nous savons qu’il
existe une maison du dictionnaire et un dictionnaire de
la maison. La maison nato a donc eu envie de
rassembler ses mots : autant de codes, de clés,
de signes et d'intentions qui relient et rallient. Réverbères
du chemin des écoliers, ceux du diconato éclairent
un peu davantage la syntaxe fantaisie de ce langage incontrôlé.
Choisissez un mot ci-dessous :
Conversation : n. f.
La conversation n’est pas l’adoption à grande échelle d’un certain type de chaussures de sport, mais la façon la plus directe, la plus simple et la plus répandue d’utiliser le langage dont est dotée l’espèce humaine. L’origine latine du mot, conversatus, conversatio, indique l’idée de fréquentation. « Être en conversation » décrit un état d’ouverture vers l’autre, une manière de donner et recevoir, une volonté douce de découverte et, en certains cas, le premier pas d’une approche amoureuse. En rejetant bien rapidement un être jugé inintéressant parce qu’il « n’a pas de conversation », on peut se méprendre sur le goût du silence. Il existe aussi un art conversationnel visant à détacher le sens des mots employés et dont le but est de provoquer une forme d’assurance sécuritaire sans grand rapport avec l’évolution des relations et des connaissances. La météo, les élections, les voisins, les chiens, la famille, la santé de proches de proches, et de loin en loin, sont parmi les sujets les plus prisés pour cette forme d’échange pratiquée dans des endroits définis comme le trottoir. La médisance peut en être le sel quand l’ennui guette. Parfois, la conversation, tel l’homme politique en campagne, vacille ; on dit alors qu’il faut « soutenir la conversation ». Sa beauté, souvent affamée (on « alimente » une conversation), réside, à l’inverse d’autres formes de langages plus stricts (discours, pourparlers, débat, mariage), dans son rapport premier à l’improvisation et sa faculté de pouvoir partir dans tous les sens, carte gratuite pour le voyage que peu d’autres activités offrent de nos jours. Il existe ainsi des conversations « à bâtons rompus » qui, même si elles ne cassent pas des briques, permettent aux individus de tout aborder en se débarrassant d’une agressivité pesante, d’un mal-être, afin de se rassurer sur l’appartenance au monde. La conversation n’est pas, contrairement aux apparences, synonyme de discussion (forme cherchant preuves et résultats sonnants et trébuchants) ou de conciliabule (façon trop secrète pour être spontanée). On citera pour terminer cette recommandation de Sacha Guitry : « Dans la conversation, gardez-vous bien d'avoir le dernier mot, le premier. »
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