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Nous savons qu’il
existe une maison du dictionnaire et un dictionnaire de
la maison. La maison nato a donc eu envie de
rassembler ses mots : autant de codes, de clés,
de signes et d'intentions qui relient et rallient. Réverbères
du chemin des écoliers, ceux du diconato éclairent
un peu davantage la syntaxe fantaisie de ce langage incontrôlé.
Choisissez un mot ci-dessous :
Village : n. m.
"Qu'il se fasse un village ou c'est nous qui s'en allons" affirmait Jacques Thollot dans son Quand le son devient aigu, jeter la girafe à la mer (Futura, 1970). À l'origine, le village est un regroupement de fermes (en latin villaticus) s'organisant pour subvenir à leurs besoins collectifs et quotidiens (une fontaine par exemple). On notera au passage que le terme villa (ferme en latin) est assez peu revendiqué en son sens premier par la classe millionnaire parlant rarement de sa ferme sur la côte d'Azur, à Chamonix ou dans l'île de Saint Barthélemy. Qu'il se fasse un village donc ! Besoin d'environs, d'entourage, d'amitiés, de cancans et parfois d'esprit de clocher, édifice symbole du village depuis la domination chrétienne en Occident. Qu'il se fasse un village sans pour autant qu'il se fasse une ville, sorte de village plus gros qu'un bœuf, plus gros qu'un bourg (générateur de l'inquiétant bourgeois) ayant perdu tous ses repères (celui du voisinage notamment). Chaque village est marqué par ses personnalités parfois hâtivement qualifiées (on dira plus injustement "idiot du village" par exemple qu'"idiot de la ville" ou "de la nation"), ses rituels joyeux (la fête du village, le bal du village) et ses emblèmes équivoques comme le notait Jonathan Swift, bien avant le village du Prisonnier : “Après avoir erré longtemps dans la brousse, il atteint un village où se dresse une potence : "Dieu soit loué, me voilà en pays civilisé" ” ; emblèmes qui nous conduiront alors immanquablement à s'en aller du village.

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