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Nous savons qu’il
existe une maison du dictionnaire et un dictionnaire de
la maison. La maison nato a donc eu envie de
rassembler ses mots : autant de codes, de clés,
de signes et d'intentions qui relient et rallient. Réverbères
du chemin des écoliers, ceux du diconato éclairent
un peu davantage la syntaxe fantaisie de ce langage incontrôlé.
Choisissez un mot ci-dessous :
Mort : n. f.
Une passagère d’un avion de ligne moyen oriental témoignait récemment d’un incident important où, alors qu’elle était prise d’une grande angoisse, les autres voyageurs criaient leur joie de l’opportunité de mourir et se rapprocher de l’éternel. Si la stricte définition de la mort est bien l’irrévocable cessation d’activité d’un organisme biologique, elle est aussi sujette à interprétation, probablement à cause de l’impossibilité de concevoir une fin sans après ou encore d’y voir quelques avantages dévots (l’urgence de vivre altérée par la promesse d’éternité). La mort, conçue comme fin inaltérable ou état de passage, force l’imagination. Si Épicure propose de ne pas s’en soucier (« tant que nous existons, la mort n'est pas, et quand la mort est là nous ne sommes plus »), nombreux sont les personnages incarnant le mort pour mieux nous désincarner, inventés par les croyances populaires : l’Ankou des Bretons, la Mórrígan des Irlandais, l’Hadès des Grecs, le Shinigami japonais, le Mictlantecuhtli des Aztèques, l’Anubis des Egyptiens et tant d’autres hauts en couleurs comme Perséphone qui n’aurait plus aucune chance dans le monde ultra connecté des communications digitales, autres simulations d’éternité. Chez Ingmar Bergman, Bengt Ekerot prend les traits de la mort (Le Septième Sceau), ce qui a mortellement impressionné Arnold Schwarzenegger (Last action hero). Lors de la grande vague de gangstérisme des années 20 et 30 aux Etats-Unis, lorsque le FBI perdait trace d’un bandit, il concluait : « Soit il est mort, soit il est à Saint Paul ». Une lecture rapide pour faire croire à quelque arrangement entre le tardif treizième apôtre de Jésus Christ et les camarades de John Dillinger. L’explication est ailleurs : grâce à un accord avec la police de la capitale du Minnesota, nommée d’après le saint en question, les gangsters y trouvaient paisible refuge. Comme quoi avec la mort aussi, on peut s’entendre (sans avoir à écouter du Death Metal).

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