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Nous savons qu’il
existe une maison du dictionnaire et un dictionnaire de
la maison. La maison nato a donc eu envie de
rassembler ses mots : autant de codes, de clés,
de signes et d'intentions qui relient et rallient. Réverbères
du chemin des écoliers, ceux du diconato éclairent
un peu davantage la syntaxe fantaisie de ce langage incontrôlé.
Choisissez un mot ci-dessous :
El cant dels ocells : chanson populaire et volatile
"El cant dels ocells" en catalan ou "Le chant des oiseaux" en français est un chant à l'origine imprécise dont on retrouve les premières traces indiquées en Catalogne au XVIIIe siècle. Repéré comme chanson de Noël célébrant la nature le jour de la Nativité, il se métamorphosera rapidement. Ambassadeurs de la gent volante, l'aigle, le moineau, le verdier, le tarin, la linotte, la grive, le rossignol, le rougequeue, le tarier, le roitelet, le canari, l'alouette, le merle, la mésange, le francolin noir, la huppe, la tourterelle, la colombe, les pics-verts, les bouvreuils, la caille, le coucou, la perdrix, la pie, le geai, le chardonneret, le pinson, le hibou, la chouette, la hulotte, le grand duc y livrent avec humour leurs impressions. La conférence des oiseaux ne saurait s'arrêter à la légende espiègle de la naissance d'un fils de dieu inventé par les hommes, elle s'appliquera ensuite à transmettre d'autres nouvelles au rythme des bouleversements de l'Espagne. Tant la mélodie que les paroles prirent ensuite leurs propres routes. Si l'arrangement de Pep Ventura en sardane avec ténora a contribué à la perpétuité de ce titre, ce sont ceux du violoncelliste Pau Casals (Pablo Casals) - un pour 8 violoncelles et l'autre pour violoncelle et piano - qui l'ont mis en lumière, marquant les esprits en 1939 lorsqu'il y souligna le sentiment de liberté explicitement antifranquiste. Les oiseaux ne sauraient s'accoutumer à la dictature ou à quelque privation de liberté que ce soit. Avec l'exilé de Prades, le chant des oiseaux devient celui des réfugiés espagnols. Chaque récital de Casals se termine par cette mélodie qu'il désire hymne de paix (il la joua devant John Fitzgerald et Jackie Kennedy). En 1994 en pleine guerre en Bosnie, Lluís Llach propose sa version et la transforme en hymne universel pour tous les réfugiés.
On notera aussi d'autres adaptations comme celles de Joan Baez en 1966 en hommage explicite à Casals, Lou Bennett la même année, Nuria Feliu en 1967, Maria Del Mar Bonet en 1970, Tete Montoliu en 1979, Pascal Comelade en 1987, Josep Soto avec Paquito D'Rivera en 2002, ou Serge Utgé-Royo en 2014, mais on s'efforcera d'oublier celle de Mireille Mathieu dans son album Embrujo en 1989 à destination des Espagnols qui n'avaient nul besoin de souffrances et de distorsions supplémentaires après plusieurs décennies de fascisme.
Tony Hymas, en compagnie d'Abel Paz et de Tony Coe, fait de ce chant des oiseaux la conclusion de son "Canto para un pajaro", introduction à l'album dédié à Buenaventura Durruti (1996). Il le glisse ensuite dans son évocation de la Nueve pour ses Chroniques de résistance (2014) et le cite très discrètement dans sa version des "Anarchistes" de Léo Ferré (2016) comme un retour à l'une des étapes fortes de ce thème à l'envol infini (on y trouvera peut-être quelque heureux isochronisme du fait que Pablo Casals eut joué ce thème dans des galas antifascistes et pacifistes organisés par son ami Louis Lecoin). Le pianiste propose en 2017 d'autres versions en compagnie de Jacky Molard, Hélène Labarrière et Simon Goubert ou de Catherine Delaunay et Simon Goubert. Elles seront jouées au festival de la CNT à la Parole Errante ou aux communes sans frontières de Tarnac et Treignac, nids d'amitiés perpétuelles.

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