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Nous savons qu’il
existe une maison du dictionnaire et un dictionnaire de
la maison. La maison nato a donc eu envie de
rassembler ses mots : autant de codes, de clés,
de signes et d'intentions qui relient et rallient. Réverbères
du chemin des écoliers, ceux du diconato éclairent
un peu davantage la syntaxe fantaisie de ce langage incontrôlé.
Choisissez un mot ci-dessous :
Mer : n. f.
En français comme en anglais, portugais, espagnol, néerlandais, gallois, danois, norvégien, suédois, catalan, langues de peuples ayant développé des compétences maritimes, la vaste étendue d’eau salée que l’on trouve entre différentes contrées est désignée par un mot de trois lettres : mer, sea, zee, mar, hav. Si le chiffre trois est considéré comme fondamental dans de nombreuses cultures où le temps et le monde sont triples (passé, présent, futur / terre, atmosphère, ciel) - monde d'ailleurs dirigé chez les Grecs par trois frères divins : Zeus en charge du Ciel et de la Terre, Hadès, des Enfers et Poséidon, des mers - la mer est largement considérée comme l'élément fondateur de notre ensemble vivant. Immensité même, elle regorge de mystères, de peuples enfouis, de créatures inexpliquées (Léviathan, Scylla, Kraken, Jacques-Yves Cousteau...), de couleurs hallucinantes, de chants magiques et intenables. Les baleines y côtoient les sirènes. La mer sait se mettre dans tous ses états, de beauté paisible, de colère aux reliefs fascinants et inspirer les sentiments les plus vifs : la peur à son comble ou la liberté infinie (l’homme libre chérissant la mer de Baudelaire). Accueillante pour les aventuriers en quête d’un autre monde (Mary Read, Ann Bonny, Olivier Misson, Samuel Bellamy, Henry Jennings...), elle sait dessiner les îles et donner - poissons, coquillages et crustacés, sel, algues -, elle sait aussi reprendre : les comptes de la mer noient. L’esprit paisible et attentif, on peut la voir danser, mais ses reflets d'argent attirent ses pires déprédateurs. Las ! Ni les pieuvres géantes, ni les Néréides, ni le roi des Auxcriniers n’ont pu empêcher son souillage par des hommes qui commandent, à partir de bureaux lointains sans pieds marins, l’exploitation des hydrocarbures et les trafics de tous ordres. La mer souffre. Mémoire génératrice et inspiratrice du meilleur de l’humanité, elle en est aussi la gigantesque victime.

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