Disque ami : Baikida E.J. Carroll, Orange Fish Tears
   
 

Qui se souvient du Black Artists Group ? Sorte de réponse de Saint-Louis à Chicago, le groupe s'expatria, comme l'Art Ensemble de la seconde ville, à Paris où il ne réalisa qu'un seul disque (autoproduit), In Paris, Aries 1973 ; y figurent ses créateurs, excellents musiciens : Oliver Lake, Baikida E.J. Carroll, Joseph Bowie, Floyd Le Flore, Charles Bobo Shaw. Au festival de Châteauvallon 1973, le guitariste Dominique Gaumont s'associera au groupe pour un mémorable concert.

Chacun des membres se produit aussi en France avec d'autres musiciens (Michel Portal, Anthony Braxton, Steve lacy, Frank Wright, Alan Silva...) et certains saisissent les occasions de premières publications enregistrées comme Oliver Lake ou Baikida Carroll. C'est grâce à Jef Gilson que Baikida Carroll, trompettiste qui a roulé sa bosse avec Albert King, Sam & Dave, Ron Carter, Oliver Nelson, avant d'installer quelques parcelles de liberté dans l'ancienne capitale de Haute-Louisiane très marquée par le blues (comme nous en a assurés WC Handy), enregistre au très parisien studio Palm Orange Fish Tears, 13e numéro de la collection.

Entouré d'Oliver Lake, Nana Vasconcellos et Manuel Villarroel, le trompettiste signe en cette année 1974 un premier album en forme de jour d'ouverture. La musique d'Orange Fish Tears affiche une sorte d'étonnante évaluation de cette période si particulière, elle ne renie rien, mais ne se laisse submerger par le possible tarissement des rêves de la décennie précédente. Alors elle fouille, et propose diverses visions caractéristiques en une connivence localisée (dans le temps autant que dans la géographie - les titres de la face 2), propres à discerner d'autres voies (flambant duo Carroll/Lake), d'autres aventures possibles (The Spoken Word (Hat Hut - 1979) et Shadows And Reflections (Soul Note - 1982), comme autant de suites logiques). Rien ne stagne, rien ne stagnera. Un album aux fondations sensiblement discrètes et déterminées, splendidement réédité (une fois de plus) par Souffle Continu.


 
Baikida E.J. Carroll, Orange Fish Tears (Palm 1974, réédition Souffle Continu 2023)
 
 
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