Daniel Deshays
Daniel Deshays : ingénieur du son
La première partie des années 1980 pour nato a été marquée par la patte (celle de l’oreille) de Daniel Deshays (42 disques).
Né en 1950, cet ingénieur du son singulièrement pluriel se destine au son après des études universitaires théâtrales et cinématographiques. Il sera un temps trompettiste (avec le groupe Opération Rhino né à la fête de Politique Hebdo dans lequel on trouvait des gens aussi différents que Raymond Boni, François Tusques, Mino Cinelu, Jac Berrocal…), mais c’est par l’enregistrement et, au-delà, la conception du son qu’il offre son empreinte analogique.
Étonnamment mobile, il est de toutes les expériences, de tous les essais comme l’atteste, en 1976, la sortie du disque de Jac Berrocal, Parallèles, son premier “manifeste”. La mise en scène rejoint souvent la mise en son et le théâtre ne s’y trompe pas qui en fait vite un des siens. Il se pense écrivain sonore (écrivain public disait-il alors), ce qui retient l’attention de metteurs en scène comme Alain Françon avec qui il a travaillé régulièrement de 1982 à 98 (de La Double inconstance à Moby Dick). Parmi les autres metteurs en scène qui apprécient sa démarche personnelle d'écriture sonore : Adel Akim, Josiane Balasko, Maurice Bénichou, Didier Bezace, Marguerite Duras, Daniel Emilfork, Jean-Paul Farré, Samy Frey, Pierre-Etienne Heymann, Anne Torrès, Charles Tordjman…
Le cinéma n’est pas en reste avec Chantal Akerman (Toute une nuit, Les années 80, Histoires d’Amérique), Gabriel Auer (Vacances Royales), Xavier Beauvois (N’oublie pas que tu vas mourir), Robert Bober (L’ombre portée), Jérôme Boivin (Café plongeoir), Jean Michel Carré (Votre enfant m’intéresse), Yves Caumon (Cache Cache), François Favrat (Le rôle de sa vie), Roberto Filaferros (La colombe de Tchétchénie), Philippe Garrel (Les amants réguliers), Agnès Jaoui (Comme une image), Robert Kramer (Route One USA), Jeanne Labrune (De larme et de sang), Serge Leperon (J’ai vu tuer Ben Barka), Didier Martini (Erythrée, A demain), Ariane Mnouchkine ( L’Indiade, La nuit miraculeuse), François Roman (Le bourreau pleure), Coline Serreau (La crise), Paul Vecchiali (Les jurés de l’ombre), et Robert Doisneau pour son unique film (Les visiteurs du square) pour n’en citer que quelques-uns.
Il réalise aussi des espaces muséographiques et, en constructeur sonore, écrit et met en scène une comédie radiophonique pour bande magnétique et musicien-acteur : Radioscoop, une pièce acousmatique (Pour William B.) et Cinq paysages pour France Culture. L’enseignement est également un de ses chevaux de bataille.
Acteur à part entière d’un certain renouveau des pratiques musicales en France dans le tournant 1970/80 dont il est l’incontournable compagnon, l’oreille attentive et le micro gymnaste, il franchit avec succès la ligne des machines comme interprète et compositeur pour graver ses sons de geste à trois occasions : un duo magistral avec Lol Coxhill (10:02), une pièce dans Godard ça vous chante (dernier témoignage en temps que trompettiste) avec la participation de Violeta Ferrer et une autre en solo dans Alternate Cake.
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