Billie Brelok
Billie Brelok : voix
Billie Brelok est née Ana Lucia Luna le 10 novembre 1985 de parents péruviens et a grandi à Nanterre. Dans sa famille, on partage l’écoute de nombreuses musiques d’Amérique latine et l’histoire et la géographie péruvienne font partie de l'éducation. Saisie par la souffrance des peuples, consciente de ces racines et exposée à la diversité nanterrienne (Nanterre est une contrée), elle s’ouvre de fait à une forme d'internationalisme qui va la guider dans sa quête. Par son bilinguisme, les mots se répondent, lui répondent, et se libèrent, la libèrent, sans cesse. Le stylo à bille la titille. Elle se passionne pour l’écriture. Les soirées nanterriennes ont leurs feux qui ne foutent jamais le camp, elle rencontre la FATSK. Le rap est une des langues de la cité, elle y trouve une façon pour son urgence expressive, une manière libre. La voilà, sans crainte, dans les soirées Open Mic. Billie pose et expose ses premiers textes au « hip hop freestyle » de M.A.S.S. de la maison Daniel Féry, puis se voit proposer la première partie d’un concert dans la même salle un an après. « Objets de fantasmes et de convoitises, l’Amérique, comme la Seine-Saint-Denis se voient souvent conjuguer au singulier alors qu’elles ont aussi en commun d’abriter une diversité culturelle infiniment riche, ainsi qu’un métissage hérité du cours de l’histoire. »(1)
Remarquée par Didaï, elle entreprend, avec celui-ci, mais aussi Guillaume Dekerle, son premier enregistrement qui sortira en 2013 sous le titre emblématique L’embarras du choix. « Bâtarde » est un hymne. Pour la scène, elle crée son groupe avec le DJ Didaï, le guitariste Dan Amozig et le bassiste Gaye Sidibé. Ensemble, ils se produisent les visages cagoulés en Ukuko (le Ukuko est un personnage mythique de l'Altiplano, fils d'un ours et d'une jeune fille andine kidnappée, danseur virtuose mystérieux ou encore chercheur de neige sacrée...).
Elle collabore avec Pumpkin, Hechi MC, La Canaille, Vicky Cassis, Mike Ladd, Medusa, mène des ateliers de salsa hip hop avec le danseur Yska, des ateliers d’écriture en espagnol avec Pumpkin, intervient en milieu scolaire. En 2018, elle publie en un album les deux volets de Gare de l’Ouest. Album qui tranche avec une trop grande banalisation du rap français.
C’est bien naturellement qu’elle est l’invitée du groupe Ursus Minor, le 2 septembre 2019, pour les rendez-vous de l’Erdre à Nantes. En 2021, avec La Constelación del Puma, elle réunit le DJ Junkaz Lou, le cajoniste Rodolfo Munoz, le guitariste Dan Amozig, la bassiste Helena Récalde et le trompettiste Alex Welmane.
En 2022, elle est l'invité de One Another Orchestra pour l'enregistrement de leur album, où cette fois, elle dit les mots de Federico Garcia Lorca pour la "Romance de la guardia civil española". Après l'enregistrement elle se produit avec cet ensemble au Vauban à Brest.
Anne-Laure Lemancel sur RFI la présente ainsi fort justement : « De sa voix tranchante, acide, affûtée, de son flow viscéral, elle les lance comme des uppercuts, des couteaux plantés au sol. Poétique et dense, son verbe imagé et sans concession, en couleurs, serti d’argot et de gros mots bien pesés, rugit contre l’éradication des Indiens d’Amérique, tisse des toiles existentielles au parfum d’urgence, peint, par son prisme tendre, son pays d’origine, le Pérou... ».
(1) Entretien avec Mike Ladd in La Plateforme de Sons d’Hiver
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