Barney Bush
Barney Bush : voix, textes
Selon ses parents, Barney Bush pousse son premier cri le jour de sa naissance le 27 août 1945 en Illinois à Herod, alors qu'un faucon tournoie en hurlant autour de la maison. Il grandit dans une famille Shawnee-Cayuga ancestralement établie sur les rives de l'Ohio dans la conscience de sa réalité indienne. Réalité amplifiée par la découverte qu'une partie des membres de sa tribu sont en Oklahoma depuis l'Indian Removal Act promulgué par Andrew Jackson en 1830 entrainant la déportation de nombreuses tribus en Oklahoma. La scolarité est éprouvante, il apprend à lire avec la Bible "comme du temps des premiers colonisateurs de ma terre". Au lycée, il découvre la violence de l'institution, ce qui ouvre de nouvelles et douloureuses perspectives.
À 16 ans, il quitte le domicile familial et parcourt les États-Unis, le nord du Mexique et le Canada en auto-stop. De pow wow en pow wow, il découvre la réalité des différentes nations indiennes, la condition de vie des réserves, il prend contact avec artistes et activistes indiens qui le motivent à poursuivre ses études, "un indien éduqué est un danger".
Après des études d'anglais et d'art à l'Institut des Arts Amérindiens de Santa-Fé au Nouveau-Mexique, il obtient une licence en "humanités" au College de Fort Lewis à Durango dans le Colorado. Puis, à l'Université de Moscow en Idaho, il obtient un master en anglais. Il rencontre l'écrivain lakota Vine Deloria jr (auteur de Custer died for your sins, véritable manifeste du renouveau indien des années 60) qui l'encourage à écrire. À Minneapolis, il se lie aux leaders de l'American Indian Movement Dennis Banks et Russell Means et prend part au mouvement. Il est un temps président de l'AIM. Saisissant certaines impasses d'une lutte dure, il opte intensément pour l'écriture : "C'était d'abord un moyen de comprendre la logique d'une langue qui n'était pas celle de mes ancêtres. Ma poésie a été ensuite un acte de confrontation, que je me suis efforcé de transformer en acte d'éducation".
Il donne alors de nombreuses lectures publiques, souvent avec le flûtiste commanche Ed Wapp Wahpeconiah, et organise également de multiples ateliers. La question de l'éducation devient centrale. Il aide à fonder l'Institute of the Southern Plains, une école Cheyenne en Oklahoma et enseigne à l'Université du Wisconsin à Milwaukee. En 1979, il publie My horse and a Juke box (American Indian Studies center) puis Petroglyphs (Greenfield Review Press) en 1982 et Inherit the blood (Thunder's Mouth Press) en 1985, trois ouvrages qui le placent parmi les plumes primordiales des auteurs indiens ce que confirment plusieurs anthologies comme Harper’s Anthology of 20th Century Native American Poetry parue en 1988. Il noue des amitiés très fortes avec d'autres poètes et auteurs indiens comme la chickasaw Linda Hogan, le cheyenne Lance Henson, l'ojibwe Jim Northrup, les mohawks Alex Jacobs et Peter Blue Cloud qui comme lui ont été des adeptes des traversées américaines de poètes autostopeurs. Il ne perd pas de vue les urgences politiques et participe à la défense de Leonard Peltier comme des résistants mohawks d'Oka.
En 1990, il participe à l'album Oyaté en écrivant un poème pour le chef modoc Captain Jack. Hélas, suite à un décès familial, il ne peut participer à l'enregistrement au Nouveau Mexique et John Trudell dit le texte. Mais il vient à Paris pour la première d'Oyaté lors de Banlieues Bleues en 1990 avant la sortie du disque. Accompagné par Terry Bozzio, il y dit son poème "Left for Dead" dédié à Leonard Peltier, texte qui va devenir une véritable proclamation durable. C'est aussi le moment d'une rencontre importante avec Tony Hymas : "Je me suis mis à aimer cet Anglais, L’esprit et le cœur parlent d’une même voix et cela s’entend dans sa musique. »". Ils se retrouvent l'été suivant à Allonnes pour un concert en petite formation avec Tony Coe, le fûtiste et chanteur commanche Ed Tate Nevaquaya, le chanteur et tambour Ojibway Jo Bellanger et le danseur Cherokee Eddie Swimmer. Alors, Tony Hymas crée une musique spécifique pour les poèmes de Barney Bush et les deux hommes qui va être l'objet de plusieurs albums : Remake of the American Dream vol.1 et 2 (deux versions) et Left For Dead.
Avec le clarinettiste Tony Coe et le groupe de chanteurs traditionnels The Shawnee Nation United Remnant Band Drum (Menjiip Tatsii, Snow Owl, Tukemas - Hawk, Wakwashbosha, Yahma, Shawota), Bush et Hymas se produisent à Allonnes avant l'enregistrement de Remake of the American Dream. Le duo revient en France avec Ed Tate Nevaquaya, le chanteur cree-shoshone Merle Tendoy et le danseur Darrel Wildcat à Bayonne et Ustaritz pour trois jours de fête à l'invitation de Beñat Achiary (rencontre alors avec Bernard Lubat) puis à Paris au passage du Nord Ouest où Barney Bush est tendrement impressionné à l'idée de jouer sur une scène où s'est produite Edith Piaf. Le poème "Left for Dead" donne son nom à un nouvel ensemble des deux hommes avec Ed Tate Nevaquaya, Merle Tendoy, la chanteuse navajo Geraldine Barney, le saxophoniste Evan Parker, le guitariste Jean-François Pauvros et le batteur Jonathan Kane et prend la route en Hollande, Allemagne, Italie et France. Deux nouvelles tournées en France suivront où Mark Sanders remplace Jonathan Kane. Chemin faisant, Barney Bush participe en France à des débats, des ateliers. Chantal Bashung lui consacre un film diffusé sur Arte. Toujours avec Tony Hymas et l'écrivain choctaw Louis Owens et avec la complicité de Francis Geffard, il participe à L'écho des voix indiennes à Paris, Lille, Marseille, Rennes et Lyon (où Hymas et Bush rencontrent les membres de l'Arfi le batteur Christian Rollet, le trompettiste Jean Méreu et le saxophoniste Guy Villerd pour un concert improvisé). Le dernier concert français aura lieu en janvier 2000 à Villejuif pour Sons d'Hiver, occasion de retrouver John Trudell.
Parallèlement, aux États-Unis, il a choisi de vivre pendant plusieurs années sur la terre de ses ancêtres shawnee en Illinois, en forêt dans une maison privée du confort moderne. Mais l'appel de l'enseignement est plus fort lorsqu'il accepte un poste d'enseignant à Santa Fe. Il n'aura de cesse de se consacrer à l'enseignement à de jeunes Indiens. Barney Bush rejoindra plus tard sa terre Shawnee pour se consacrer au Vinyard Indian Settlement.
En 2005, à Minneapolis, le groupe Left for Dead se retrouve pour un unique concert (avec le batteur JT Bates, le visa de Mark Sanders ayant fait l'objet d'un refus). En janvier 2021, Barney Bush enregistre (à distance) "Warriors for Sale", dernier duo avec Tony Hymas, avant de nous quitter le 18 septembre 2021.
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