Jim Pepper
Jim Pepper : saxophone ténor
Né à Salem (Oregon) le 18 juin 1941 dans une famille Kaw et Muscogee Creek qui avait émigré d'Oklahoma, Jim Pepper a grandi dans cet héritage transmis par ses parents Gilbert and Floy. Enfant, chaque été, il se rendait en Oklahoma voir son grand-père Ralph Pepper qui lui enseignait danses en chants anciens.
Son attirance pour le jazz (il joue du saxophone) le transporte à New York en 1964 où il ne tarde pas à former The Free Spirits avec Bob Moses, Larry Corryel... La musique intègre des éléments de rock avant l'heure. The Free Spirits enregistrent Out of Sight and Sound en 1966 sous la houlette de Bob Thiele au studio de Rudy Van Gelder. Moses et Corryel sont débauchés par Gary Burton et Pepper poursuit l'aventure avec Chris Hill et Everything is Everything, groupe où il présente pour la première fois en 1969 sa composition fétiche, sa signature : "Witchi Tai To", titre inspiré d'un chant "Peyote" tenu de son grand-père. Ce titre, qui fera l'objet d'un 45 tours, connaîtra de multiples reprises (Jan Garbarek en fera le titre d'un album et, entre autres, Robert Charlebois, Harpers Bizarre, le Paul Winter Consort ou les Supremes le reprendront).
1969 est aussi l'année d'entrée en action de l'American Indian Movement où les Indiens d'Amérique sortent de l'ombre à Minneapolis puis lors de l'occupation d'Alcatraz que Jim Pepper soutient. Au même moment Ornette Coleman, et plus encore Don Cherry l'encouragent vivement à ne pas s'en tenir qu'à "Witchi Tai To" et à aller plus profondément vers ses racines indiennes dans la musique qu'il propose. C'est chose faite avec Pepper's Pow Wow (sur Embryo, la maison de disques d'Herbie Mann), album où se mêlent puissamment sa culture indienne en point et contrepoint (son père Gilbert est dans l'album), le jazz comme flux (les musiciens sont Billy Cobham, Larry Corryel, Chuck Rainey...) et certaines formes de Country (de l'autre côté du miroir : le cow boy). Le disque dit tous les tiraillements autant que les points d'accord du saxophoniste. Il réalisera d'autres albums explorant ces confins, citons, entre autres, le remarquable Coming and Goin' (avec Bill Frisell, Don Cherry, John Scofield, Hamid Drake, Nana Vasconcelos... ), ou, bien plus tard, Afro Indian Blues en quartet avec Amina Claudine Myers, Anthony Cox et Leopoldo Fleming.
Si la fin des années soixante le voient figurer dans certains disques aux couleurs psyché pop (Peter Walker, Sandy Hurvitz, the Fugs...), le monde du jazz le plus ému va l'inviter et va le retrouver aux côtés de Mal Waldron (Art Of The Duo, Funny Glasses & A Moustache, II More Git' Go At Utopia), Paul Motian (The Story Of Maryam, Jack Of Clubs, Misterioso), Le Liberation Music Orchestra (The Ballad Of The Fallen). Son son puissant - celui des gens qui ont tant à dire - et son sens du récit font merveille. Il tourne en Afrique avec Don Cherry et joue fréquemment en France avec la pianiste Claudine François qui enregistre avec lui l'album Camargue (PAN Music - 1989). En 1990, il participe aux séances du Nouveau Mexique pour Oyaté de Tony Hymas pour le titre "Lone Wolf". Avec Hymas, deux mois plus tard, il enflamme la scène de la Maison de la Culture de Bobigny. Jim Pepper passe les deux dernières années de sa vie en Autriche où il joue et enregistre. Il nous quitte le 10 févier 1992.
L'écrivaine et saxophoniste Joy Harjo, Muscogee Creek comme Pepper avait dit "Les Creeks ont quelque chose à voir avec les origines du jazz. Après tout, lorsque les Africains ont été contraints à l'esclavage, ils ont été amenés sur les terres traditionnelles des Muscogees. Bien sûr, il y a eu une interaction entre les Africains et les Muscogees !". Cette interaction est hautement représentée par Jim Pepper - Amérindien jouant (aussi) une musique noire dans un monde de Blancs - qui a bâti humainement et musicalement un véritable chemin de crête.
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