Sylvain Torikian
Sylvain Torikian : compagnon (organisateur de concerts)
Cet ancien professeur de mathématiques, vit à la fin des années 70 dans un squat non loin d’un lieu autogéré par des artistes (François Tusques, Kirjuhel...), le théâtre Dunois (dans la rue du même nom au 28). Barman de l’endroit, les artistes précités lui confient rapidement les clés et le voilà créant ce qui va devenir l’un des endroits phares des musiques en train. Il y développe instantanément une programmation qui intrigue puis excite toutes les antennes parisiennes, françaises puis internationales.
Co-dirigeant l’endroit avec Nelly Lohier, ils ouvrent aussi les portes de l’insensée bâtisse aux enfants avec une programmation exemplaire de ce qui peut faire vibrer et rêver nos chers bambins.
Alors qu’on lui propose de s’occuper d’une programmation à l’Ircam (plusieurs concerts à Beaubourg), il rejoint aussi le Japif (première association regroupant des producteurs de disques, spectacles, journalistes et musiciens). Il offre à nato qui fait ses premiers pas une journée inauguratrice le 15 juin 1981.
Ce jour sera fondateur pour nato qui présente ses premiers disques ainsi qu’un concert de Violeta Ferrer, André Jaume, Raymond Boni et François Tusques. Dunois devient immédiatement un endroit essentiel au développement de nato qui s’y trouve fort bien et y enregistre plusieurs disques jusqu’à l’année des Zlitons qui verra les micros de nato s’expatrier en Angleterre.
Nelly Lohier développe aussi la vidéo au théâtre Dunois, elle filme le festival de Chantenay, cousin Sarthois de Dunois. Certains titres des disques nato ("Makoko" par Tony Coe dédié à la chatte de l’endroit, Ascenseur pour le 28 de Günter Sommer, The Dunois solos par Lol Coxhill etc.) font référence au fameux théâtre et beaucoup traduisent l’ambiance du lieu (Ad augusta per Angustia, premier opus de Louis Sclavis par exemple), ambiance qui a ses symboles (Makoko, Monsieur Leon, Rose...).
Dunois joue avec tout et se joue de tout allant même jusqu’à organiser un Piano Mundial lors de la coupe du Monde de Football où les meilleurs pianistes européens accompagnent les matchs à la façon des films muets. La crème de la crème joue à Dunois : Evan Parker, Derek Bailey, Han Bennink, Tony Coe, Alan Hacker, Daunik Lazro, Sonny Sharrock, Tim Berne, Steve Lacy et les projets musicaux, collectifs (les Zhivaro) et créations se font tout naturellement dans cet endroit qui les accueille aussi généreusement que l’Arche de Noé, les animaux. Point de routine, Dunois est un lieu d’ouverture (l’on se souvient du strip-tease d’Annick Nozati avec Lol Coxhill) et d’incroyables convergences.
Sylvain Torikian, qui a aussi fait un séjour à l’IACP d’Alan Silva, est saxophoniste du groupe les Mobimous qui se produit sur un toit au festival de Chantenay, donne un concert en pédalo lors de ce même festival et jouera avec différentes formations au festival de la Rillette ou au Carnaval de Chantenay.
L’ensemble, dont l’hymne est "Pose ton fardeau et remets la machine en route" de François Tusques et le morceau de bravoure "Le plus grand chapiteau du monde", paradent également dans les rues du XIIIeme.
Avec Jean Rochard, également membre du Japif, Sylvain Torikian est de l’aventure Jazz Ensuite (magazine musical) et ensemble, ils organisent au sein du Japif avec beaucoup de rires, le fringant Premier Salon du Jazz et des Musiques Improvisées. Sylvain Torikian anime aussi une émission de radio.
En 1985, les menaces de démolition du Théâtre Dunois par une ville insensible aux ébats musicaux qui résonnent pourtant à travers toutes la planète se font sentir. C’est aussi le temps où l’institution met son nez pas toujours au diapason, dans tout ce qui swingue, frotte, gratte. Sylvain Torikian est vite repéré par la reine et se voit confier l’administration de l’Orchestre National de Jazz dont la première a lieu au Théâtre des Champs Elysées. Simone de Beauvoir a beau s’y ennuyer, l’orchestre continue et Sylvain le manage au mieux jusqu’en 1991 où cette fois, c’est lui qui s’ennuie.
Avec Nelly Lohier, il co-dirige alors les nouveaux murs du Théâtre Dunois, une rue plus loin, rue du Chevaleret. La programmation y est aussi eclectique qu’à l’ancien nid de légende. Dunois et nato se retrouvent pour quelques soirées, Lol Coxhill et Pat Thomas ou l’ensemble Left for Dead pour deux séries.
Le Dunois est toujours un haut lieu de l’enfance et Sylvain Torikian a depuis souvent offert ses compétences de conseil à moultes organismes. Cet artisan qui a beaucoup fait pour nato se livre aussi aujourd’hui passionnément à l’écriture.
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