Lol Coxhill
Lol Coxhill : saxophones soprano, sopranino et ténor, chant
Lorsque Lol Coxhill arrive à Chantenay-Villedieu le 3 septembre 1980 pour un
trio avec Raymond Boni et Maurice Horsthuis , c’est un pan important de la musique anglaise qui entre dans le petit village qui donnera naissance à nato. Avec la rencontre de Lol Coxhill, se dessine véritablement l’esprit des disques nato de la décennie 80.
Cet ancien relieur, né en 1932, est entré dans le spectacle très vivant en faisant un "Diz",
imitation de Dizzy Gillespie qu’il admirait beaucoup dans une fête donnée à son
atelier de reliure Aylesbury Printing Works en 1948. Béret basque, barbichette.
Lunettes de soleil, tenue de footballeur, la soirée est épique, Lol excentrique, et nécessite l’intervention de la police et des pompiers. Une étoile est née.
Lol Coxhill passionné par Charlie Parker, Sidney Bechet, mais aussi par le rythm’n’blues participe à pas mal d’orchestres de danse comme Tony Knight and his Chessmen ou des orchestres comme le Elephant Jazz Band, Denzil Bailey Afro Cubist. C’est alors qu’il fait la manche près de la gare de Charing Cross que passe le saxophoniste déjà reconnu, Tony Coe qui s’arrête, le complimente et le recommande à un patron de club. L’affaire ne se fera pas, mais l’encouragement est bien là.
Lol Coxhill joue avec Rufus Thomas, fameux auteur de Walking the Dog comme véritable premier engagement. Il forme Delivery avec Steve et Phil Miller, tourne avec Otis Spann, Alexis Korner, Champion Jack Dupree et en 1970 devient membre à part entière du Kevin Ayers Whole World. C’est avec le Whole World de Kevin Ayers qu’il est programmé lors de la fameuse nuit où l’on casse le Palais des Sports à Paris aux cris de "spectacle gratuits". Lol Coxhill ne craint pas les spectateurs (à l’inverse de beaucoup d’autres ce soir-là, bouclés dans leurs loges) en duo avec Didier Malherbe de Gong (aussi invité ce soir-là).
Il joue avec les groupes de ce qui fut hâtivement appelé "l’école de Canterbury" comme Hatfield and the North Caravan ou encore Robert
Wyatt. Il est membre du Chris Mc Gregor Brotherhood of Breath et enregistre 4 disques pour Virgin avec Mike Olfield, Robert Wyatt, Steve Miller. Il crée le Welfare State Theatre et montre toutes sortes d’intérêts pour le spectacle en plus de la musique. Il réalise un petit film sur l’enterrement d’un saxophone.
Musicien de la singularité littérale (comme on pourrait le dire d’un Monk),
Lol Coxhill se retrouve autant en invité surprise du groupe Punk The Damned qu’en participant à la Company de Derek Bailey ou encore en étant invité des Flying
Padovanis, des Promenaders sur la plage de Brighton (avec Steve Beresford) ou encore en écrivant (et chantant) de petites ritournelles comme "Pretty Little Girl".
Il développe une technique très particulière et personnelle du saxophone
soprano après un accident de voiture et devient l’un des très grands (un
classique) de l’instrument aux côtés de Steve Lacy, Evan Parker après Sidney Bechet, Johnny Hodges, Lucky Thompson et John Coltrane.
Rare en France avant 1980, un peu mystérieux, légèrement mythique, sa rencontre avec nato le verra très présent en France en toutes sortes de combinaisons et de situations : solos, duos et trio avec Jac Berrocal, Joëlle Léandre, Daniel Dehays, Misha Mengelberg,
Beñat Achiary, Michel Portal, Louis Sclavis, Emmanuel Bex, Mike Cooper, Veryan Weston, Stuart Hall, Fred Van Hove, Alan Tomlinson, Christian Rollet, Roger Turner, Paul Rutherford ou Annick Nozati (concerts mémorables à Angoulême ou à Dunois, grand orchestre, création de plusieurs orchestres The Melody Four (avec Tony Coe qu’il retrouve à Chantenay, Steve Beresford et Yves Rochard), The Recedents.
Au travers des disques Chabada, il exerce ses talents de chanteur (The Inimitable) ou d’amoureux du New Orleans (Before my Time). Avec Vol pour
Sidney, il offre sa version d’un thème qui lui est cher "Petite Fleur" et est
l’invité de Charlie Watts.
Doté d’une présence scénique étonnante, on ne sera pas
surpris de retrouver cet explorateur qui confie son penchant pour Margaret
Dumont (compagne des Marx Brothers) aussi au cinéma ou à la télévision. À la télévision française, à l'invitation du réalisateur Philippe Truffault, il est présentateur des émission de la nouvelle chaîne La Sept, qui préfigure Arte.
Avec
Steve Lacy et Evan Parker, il enregistre Three blokes pour FMP (quintessence du soprano) et a également publié plusieurs disques pour Emanem.
En 2010, il retrouve Jean Rochard à l'occasion des 30 ans de nato et enregistre pour nato un trio avec Barre Phillips et JT Bates : The rock on the hill
Lol Coxhill est l’un des grands solistes solitaires, l’un des grands musiciens de ce temps. Il nous a quitté le 9 juillet 2012.
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