Jean-François Jenny-Clark
Jean-François Jenny-Clark : contrebasse
Né à Toulouse le 12 juillet 1944, à l’aube de la Libération, Jean-François Jenny-Clark, dit JF, est l’un des plus influents contrebassistes européens.
Monté à Paris, il traîne les dimanches après-midi dans les clubs de jazz, à l’instar d’un autre jeune homme Jacques Thollot et est vite remarqué dès 1960 par Jackie McLean. Il joue avec ce dernier au Chat qui Pêche en compagnie d’Aldo Romano avec qui il va former très vite une de ces fameuses paires rythmiques qui marquent l’histoire du jazz. Même si la pratique de la musique classique demeure, qu’il travaille avec Marius Constant, qu’il accompagne même Jacques Brel en Finlande, c’est avec le nouveau jazz qu’il va donner toute sa dimension. Les rencontres de Don Cherry et Gato Barbieri sont déterminantes. Ce qui ne l’empêche pas d’étudier au conservatoire de Versailles avec Bernard Cazauran en 1965. C’est également l’année du grand remue-ménage où les musiciens français, François Tusques en tête, adoptent le langage du Free Jazz. JF joue alors en trio avec Jacques Thollot et Barney Wilen au Requin Chagrin. La formation de Barney Wilen enregistre Zodiac avec Karl Berger pour les disques Vogue (pochette Siné).
Avec Don Cherry, Gato Barbieri et Jacques Thollot, il figure au générique de Le Départ de Jerzy Skolimowski. Don Cherry invite Jenny-Clark à New-York pour un projet Blue Note. De retour à Paris, il joue avec Martial Solal, Jean-Luc Ponty ou Steve Lacy et obtient en 1968, un premier prix de conservatoire. La paire JF/Aldo ne doit pas éclipser la paire JF/Thollot et la paire JF/Humair tout aussi importantes dans le devenir du jazz en France sur des terrains différents. La rencontre avec Joachim Kühn est un autre moment déterminant. Les deux hommes ne vont plus se quitter.
En 1970, il travaille avec Luciano Berio, puis Karlheinz Stockhausen, installant également une solide réputation dans le milieu de la musique contemporaine. Il participe avec l’Art Ensemble of Chicago au fameux "Comme à la radio" de Brigitte Fontaine. Dans les années 70, on l’entend avec Anthony Braxton, Michel Portal, Joe Henderson, Charlie Mariano. Il appartient avec ce dernier au groupe Pork Pie, groupe dans lequel, il joue aussi de la basse électrique, qui se taille un joli succès. C’est également le temps du quartet de François Jeanneau et du groupe d’Enrico Rava avec Roswell Rudd et des retrouvailles avec Don Cherry. Il participe à des ensembles de contrebasses avec Barre Phillips (For All It Is japo-ECM 1971) et François Méchali (Maison de la Radio). Le 15 avril 1978, il joue en trio avec Jacques Thollot et François Jeanneau dans le premier concert Chantenaysien, il retournera dans la petite chapelle de Villedieu en 1980 avec John Stevens et les saxophonistes Trevor Watts, Louis Sclavis et Jacques Di Donato.
Il enregistre dans les années 80 avec Chet Baker, Gordon Beck, Michel Portal, Kristen Nogues, Michel Petrucciani, ou Paul Motian. Avec Albert Mangelsdorf, il co-dirige l’ensemble Franco-allemand. Le trio Kühn-Humair-Jenny-Clark (aussi entendu dans les années 70 avec le violoniste Zbigniew Seifert) s’impose avec plusieurs albums. Il enseigne au CNSM et malgré sa maladie en 1997 continue de jouer. Le disque Triple Entente avec Joachim Kühn et Daniel Humair enregistré peu de temps avant sa mort est particulièrement bouleversant.
Ses enregistrements en leader sont rares, on notera Divieto Di Santificazione, duo remarquable avec Aldo Romano consacré au poète Cesar Pavese, Unison en 1987 et Solo, concert enregistré en 1987 et sorti en 2003 grâce à Barre Phillips. Hommage d’un grand contrebassiste à un autre grand contrebassiste.
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