Tony Hymas
Tony Hymas : piano, claviers, voix
Décrit un jour comme « aussi difficile à attraper qu’un oiseau sur une branche », le compositeur et pianiste Tony Hymas, « ce Brahms moderne », comme le surnomme volontiers le clarinettiste Alan Hacker, fait voler en éclats tout danger d’ancrage un tant soit peu académique.
S’il compose déjà des œuvres orchestrales pendant son adolescence, étudiant à la Royal Academy of Music, cet Anglais farouche né le 23 septembre 1943, s'encanaille grâce à Henry Lowther qui l'invite à participer à un groupe de jazz avec le sud-africain Harry Miller. Il devient pianiste des Ballet Rambert pour lesquels il fait ses armes de compositeurs. Devenu musicien de studio, il se fait remarquer par ses indisciplines. Il participe à l'ensemble Matrix sous la direction d’Alan Hacker. C'est là qu'il rencontre la soprano Jane Manning dont il devient l'accompagnateur attitré.
Découvert par la scène contemporaine avec Matrix, Tony Hymas fait plus que flirter avec la rock music puisque, après avoir accompagné Frank Sinatra puis Cleo Laine, il rejoint le groupe de Jack Bruce. Il fonde ensuite avec Simon Philips et Jim Diamond le groupe P.H.D. et compose le tube international « I Won't Let You Down », numéro 1 dans de nombreux pays.
À la même époque (1984), il est invité au festival de Chantenay-Villedieu dont il deviendra un des hôtes réguliers. C’est également le temps des premiers enregistrements avec le producteur Jean Rochard, pour les disques nato, collaboration ininterrompue qui dure toujours.
Il devient ensuite le compagnon (musicien, producteur, arrangeur et compositeur) du guitariste Jeff Beck avec lequel il enregistre six disques. Cela ne l'empêche pas de continuer d'être l'interprète privilégié de compositeurs de films comme Henry Mancini, Michel Legrand ou Philippe Sarde, jouer Brahms ou César Frank avec le East West Horn trio, d'enregistrer les Etudes pour piano de Claude Debussy, composer de la musique symphonique, jouer Beethoven, Schubert et Prokofiev en récital, ou participer à un trio de jazz avec Tony Coe et Chris Laurence.
Clé de voûte du projet Oyaté, hommage musical à 12 chefs amérindiens, Tony Hymas poursuit sa collaboration avec des artistes indiens et notamment le poète activiste Barney Bush avec Remake of the American Dream et Left for Dead. Il fonde également le groupe The Lonely Bears avec Tony Coe, Hugh Burns et Terry Bozzio qui enregistrera trois disques : The Lonely Bears, Injustice, The Bears are running.
Plusieurs pièces orchestrales, un concerto pour tuba, un quatuor à cordes, une pièce pour percussions ainsi qu'une symphonie enregistrée par le London Symphony Orchestra et dirigée par lui-même ont largement contribué à le placer au tout premier plan des compositeurs actuels.
Son activité de pianiste dans des formations de jazz a également révélé un pianiste hors pair. Il joue et enregistre en trio avec Jean-François Jenny-Clark et Jacques Thollot, Hélène Labarrière et Mark Sanders puis avec Billy Peterson et Eric Gravatt. Il enregistre avec John McLaughlin puis rejoint le groupe de Jacques Thollot et travaille avec Sam Rivers. Pour ce dernier, il compose une suite en huit mouvements Eight Day Journal. Sam Rivers et Tony Hymas joueront également en duo, ce qui fera l'objet d'un disque Winter Garden et d'un film Quatre jours à Occoe de Pascale Ferran.
Il fait partie du collectif Los Incontrolados composé de musiciens, chanteurs et comédiens français, anglais, espagnols et américains. Friand de toute expérience, il improvise aussi avec Evan Parker, Bernard Lubat, Michel Doneda, Jean-François Pauvros, Denis Colin ou François Corneloup. Avec Jeff Beck, il tourne avec Stanley Clarke et Simon Phillips.
En 2000, il intègre le groupe de Michel Portal "Minneapolis". Il réunit ensuite le groupe Ursus Minor (avec Jef Lee Johnson, François Corneloup et David King remplacé en 2005 par Stokley Williams) qui enregistre, avec les rappeurs américains de The Coup et Dead Prez ainsi que les rappeurs français D' de Kabal et Spike, un premier album Zugzwang, puis très récemment un second Nucular sur lequel est invité le rappeur de Minneapolis Brother Ali.
2005 le verra créer une pièce pour le quatuor à cordes Duke Quartet et se produire avec George Cartwright (aux côtés d'Adam Linz et JT Bates) avec qui il enregistre un album.
En 2006, il retrouve Evan Parker avec qui il joue enfin en duo et participe au septet de Pablo Cueco.
Outre le groupe Ursus Minor qui continue de constituer une des ses priorités, Tony Hymas joue également en trio avec le contrebassiste Bruno Chevillon et le batteur Eric Echampard à Treignac, Argenteuil ou à la Maison de la Radio. Il compose une suite pour Federico Garcia Lorca à l'occasion d'une soirée du festival Minnesota sur Seine ou figure également Violeta Ferrer. Le groupe PHD se reconstitue le temps d'un disque, on le retrouve aussi en duo avec Airto Moreira ou encore dans diverses formations d'Evan Parker avec John Edwards, Tony Marsh, Roscoe Mitchell ou Joëlle Léandre.
En 2010, il enregistre sa suite De l'origine du monde, dédiée à Gustave Courbet et la Commune de Paris.
Il retrouve, cette même année, le réalisateur Jean-Pierre Sinapi avec qui il avait travaillé en 1996 (Un arbre dans la tête) pour la musique d'Une vie française. La chanteuse Davina Sowers du groupe Davina & the Vagabonds participe à ces séances. Hymas enregistre également la musique du film de Judith Abitbol À bas bruit. Ursus Minor sort son troisième opus (I will not take "but" for an answer), effectue une tournée française puis le pianiste joue à France Musique en trio avec Bruno Chevillon et Eric Échampard pour les 30 ans de nato.
En 2012, sort le troisième album en trio du pianiste Blue Door avec Chris Bates et JT Bates. Le festival de piano de Lille l'invite pour une soirée où il interprète les 12 Études de Claude Debussy ainsi que la création de sa pièce "Les temps nouveaux (Paris, 1871)".
En 2013, il entreprend un nouveau récital composé de pièces des compositrices Jaëll, Bonis, Chaminade et des compositeurs Atheneus, Satie, Rzewski, Janácek, Hymas, Debussy, Bechet (l'album sera publié en 2021 sous le titre De Delphes.... À Treignac, en Corrèze, il offre la première d'une nouvelle pièce intitulée "Chroniques de résistance" en compagnie de Nathalie Richard, Frédéric Pierrot, Elsa Birgé, Desdamona, François Corneloup, les membres de Journal Intime et Peter Hennig. À Limoges le 20 novembre 2015, dans le prolongement des Chroniques de résistance, il met en musique le texte d'Armand Gatti en présence de celui-ci avec les récitants Frédéric Pierrot et Violaine Schwartz.
À l'instigation des Fêtes Maritimes de Douarnenez, Hymas met en place un autre récital de piano, "Mémoires de mer" (Debussy, Weill-Brecht, Britten, Ferré, Chopin, Brel, Hymas, Grainger). À Londres, il invite le violoncelliste Didier Petit (qui participa à la suite De l'origine du Monde), pour un duo d'improvisation plein de lendemains chantants.
La 1er mai 2015, à l'invitation de Serge Utgé Royo (qui a signé les paroles d'un titre pour Chroniques de résistance) et de Cristine Hudin, le pianiste est invité à "1er mai, jour Ferré" et interprète une suite de 5 titres de Léo Ferré. L'accueil de la salle est magnifique. Hymas se plonge plus encore dans l'œuvre du chanteur ("Avec le Temps" est au répertoire de ses trios depuis 1998). En 2016 paraît Tony Hymas joue Léo Ferré. En décembre 2017, il présente à Brest "reflets d'Oyaté, évocation du projet de 1990 avec Christophe Rocher, Hélène Labarrière et Beñat Achiary
Le 25 juin 2017, à l'occasion du festival de la CNT, il réunit un nouveau trio avec Hélène Labarrière et Simon Goubert. Jacky Molard se joint à l'ensemble pour les quatre morceaux de fin, évocation des luttes de l'Espagne libertaire ou de la récente résistance de la réserve de Standing Rock au projet de pipeline.
La suite est nourrie de toutes ses expériences, piano solo, quintet Pacific 235, nouveau répertoire pour Ursus Minor (avec la rappeuse Billie Brelok et le rappeur Crescent Moon), tournées en trio avec Hélène Labarrière et Simon Goubert. En mars 2020, l'ensemble du monde musical est contraint à faire une pause. Hymas utilise ce temps isolé pour remettre à l'œuvre Back on the fortress, écho à son Flying Fortress de 1988. De Delphes sort le 5 mars 2021.
Montagnard lorsqu'il n'est pas musicien, Tony Hymas rêve à toutes sortes de reliefs.
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