Denis Colin
A l'inverse de beaucoup de souffleurs modernes, Denis Colin a fait le choix d'un seul instrument : la clarinette basse. Il a bien tâté du piano tout petit puis de la clarinette au conservatoire de Versailles en 1972, mais c'est la clarinette basse qu'il choisit pour exprimer toutes ses passions. Ce sont pourtant quelques grands ténors (Archie Shepp, John Gilmore, John Coltrane, Sonny Rollins) qui constituent le terreau de ses influences premières.
Le contrebassiste Alan Silva l'adopte comme élève, comme soliste régulier du Celestrial Communication Orchestra, puis comme professeur de l'école qu'il a fondée : l'IACP. Il effectue en 1980 un stage avec Cecil Taylor à Woodstock. Vient ensuite le temps d'une autre maturité, il quitte la Sphère Alan Silva.
Après avoir séjourné dans les groupes de Luc Le Masne et Texture (dont il est le co-fondateur), il conçoit petit à petit une musique très personnelle, libérée mais respectueuse du free jazz qui l'a fait grandir et loin des canons en vigueur d'un jazz français parfois trop hexagonal. Le territoire de Denis Colin ne connaît pas de deuxième degré, tout est pleinement assumé : amour du rythme, des mélodies simples, autant que des compositions complexes.
Il fonde en 1991 son trio avec le virtuose du zarb (tambour iranien) Pablo Cueco et l'impertinent violoncelliste Didier Petit. Ce trio, qui aujourd'hui a l'âge des Beatles, est la base d'autres groupes de Denis Colin : « Les Arpenteurs » quintette avec violon et guitare ou l'ensemble de dix musiciens « Dans les cordes ». Le disque Etude de Terrain a été élu par une bonne partie de la presse francaise (Le Monde, Jazz Magazine, Les Inrockuptibles) disque de l'année 2000. Avec son trio, il a choisi d’autres sentiers que ceux qui peu à peu ont banalisé une certaine manière d'envisager le Jazz, et, doucement, est parvenu à créer une musique qui n'incarne ni la fuite en avant, ni le besoin de se réfugier dans une posture supposée radicale.
Le chant devient une évidence pour la clarinette basse de Denis Colin et la rencontre avec les voix se fait pour la première fois avec Something in Common (Universal/2002) : le pas est franchi. Parmi les invités constituant cet opus : la chanteuse Gwen Matthews qui se joindra ensuite au trio pour une série de concerts mettant en lumière des rapports de plus en plus intimes et audacieux entre eux. La nécessité d’un disque à quatre s’impose alors, Songs for Swans, qui ouvre avec force délicatesse, une fenêtre rare et précieuse sur une parcelle d'humanité salvatrice.
En 2007, le Denis Colin trio se sépare et le clarinettiste oeuvre à la reconstruction du nouvel ensemble à géométrie variable : La Société des Arpenteurs. En 2009, sort le disque de ce nouveau chapitre intitulé Subjet to change. De nombreux jeunes musiciens français y participent, Sylvaine Hélary, Benjamin Moussay, Stéphane Kerecki, Julien Omé ... ainsi que les batteurs Eric Echampard et Tony Rabeson avec Tony Malaby en invité.
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