Jean Rochard
Jean Rochard : producteur, directeur artistique
D'abord tambour de la Chantenaysienne, puis un instant photographe, il commence avec la messe d'enterrement de Pompidou
et part au Portugal sur les traces de Guy Le Querrec à la suite de la Révolution des Oeillets, poursuit par un peu
de service de photographe de quartier, un peu de paparazisme timide à l'Alpes
d'Huez, un peu de musique et beaucoup d'équipement hifi pour les revues Son
Magazine, La Nouvelle Revue du Son, Jean Rochard écrit pour les colonnes
musicales des revues et journaux Rouge, La Petite Quinzaine, L'Audiophile, La
Nouvelle Revue du Son.
La rencontre de Jacques Thollot dont il est brièvement le (mauvais) élève sera déterminante. Il devient membre fondateur de l'association Chantenay Jazz
et Images en 1977 qui organisera le Festival de Chantenay-Villedieu jusqu'en
1988. Cette association présentera d'abord quelques musiciens français majeurs
(Jacques Thollot, Michel Portal, Jean-François Jenny-Clark, François Jeanneau,
Bernard Lubat, Martial Solal, Jean-Louis Chautemps, Raymond Boni, François
Tusques, Jacques Coursil, Tamia, André Jaume...) puis s'ouvrira vite à la scène
européenne (Irène Schweizer, Misha Mengelberg, Peter Brötzmann, Pierre Favre, Maarten Altena, Günter Sommer...) et plus particulièrement britannique (Lol Coxhill,
Tony Coe, Steve Beresford, John Stevens, Tony Hymas, Christine Jeffries, Evan
Parker, Alterations, Mike Cooper...) ce qui lui vaudra le surnom pas toujours
bien intentionné de "spécialiste du rosbeef". Elle présentera également de jeunes musiciens français (Louis Sclavis, Jean-Paul Céléa, Annick Nozati,
Joëlle Léandre, Michel Doneda, Sylvain Kassap, Emmanuel Bex ...) ainsi que de nouveaux musiciens américains comme Arto Lindsay, Elliott Sharp, Bill
Frisell, George Lewis ou John Zorn dont ce sera la première française.
À
Chantenay, on entendra aussi le clarinettiste Alan Hacker, le chanteur de Rock Ted
Milton, la harpiste Aurora Barbatelli, les Tambours "buñueliens" de Calenda, le
Bagad de Kemperlé etc.
C'est lors de ce festival que naîtront les disques nato en 1980, tout d'abord
en complicité avec l'ingénieur du son Christian Savouret le temps de 5
disques. Le nom nato fut choisi à cause du chat siamois du même nom dont le nom fut
emprunté à l'un des cousins de Géronimo. Les disques nato donneront naissance
aux disques Chabada avec le groupe The Melody Four puis à d'autres collections
dont Hope Street est la plus récente en date. nato sera d'abord distribué par ses propres soins (1981-1986) avec l'aide d'Isabelle Rochard puis de Patrick Schuster, jeune étudiant qui fera son chemin (et deviendra plus tard responsable du Jazz chez Naïve), avant d'être distribué par Média 7(1987-1990), Vogue (1990-1992), Mélodie (1993-1994), WMD (1994-1995), Harmonia Mundi (1996-2002), Nocturne (2003-?)
Avec Sept Tableaux Phoniques Erik Satie , il inaugure une série de disques à thèmes (collectifs) qui souligneront ses intentions de façons remarquées.
Sa rencontre avec Violeta Ferrer accentuera aussi d'autres orientations mettant en valeur la parole, la culture espagnole et les idées libertaires.
Alors qu'il abandonne la photographie en 1982, Jean Rochard crée le bimestriel Jazz
Ensuite publié par les Editions Fréquences pour lesquellles il était auparavant
photographe. Cette revue durera 5 numéros (le sixième sera interrompu) et
accueillera les signatures de Daniel Nevers, Pascal Bussy, Jean-François Pauvros,
Didier Levallet, Sylvain Torikian... Le premier numéro fit "sensation" avec
la photo d'Annick Nozati en couverture qui prit quelque peu au dépourvu les
éditeurs de la revue.
À la demande de Philippe Harry Blachette, il produit quelques émissions pour
France Culture. Il produit aussi quelques musiques de films pour Liria Begeja,
Tonie Marshall, Jacques Perrin, Mehdi Charef, Jean Marboeuf, Jean-Pierre
Sinapi, Judith Abitbol ce qu'il aimerait faire bien davantage. La cinéaste Pascale Ferran
consacre un film de long métrage tourné en Floride à l'enregistrement d'une de ses
productions : Winter Garden de Sam Rivers et Tony Hymas. Il tournera même un
documentaire sur la marche des Indiens Lakota dans le Dakota du Sud reprenant les
traces de leurs ancêtres de 1990 (jamais sorti). Ce documentaire sera
l'occasion de renouer avec la photographie avec la participation au film du
photographe Guy Le Querrec. Ce voyage donnera plus tard naissance au Livre de Guy Le
Querrec Sur la piste de Big Foot (éditions Textuel) dont Jean Rochard
écrira le texte et Jim Harrison la préface. Cette "entreprise" sera la suite
naturelle du projet Oyaté réalisé par le musicien Tony Hymas avec qui Jean a une
complicité ininterrompue depuis 1984.
À la demande de Jazz Magazine, il retrempe sa plume pour quelques articles
sur Doris day, Keith Jarrett, John Gilmore, Camel Zekri, Jimi Hendrix, Tony Williams ou Frank
Butler, quelques notes de pochettes (Pablo Cueco, Jacky Molard, Claude Tchamitchian...), puis écrit pour le
journal des Allumés du Jazz, association regroupant une quarantaine de producteurs
indépendants, dont il est l'un des membres. Il écrit aussi sur des sujets de société dans Le Monde Libertaire ou Siné Hebdo et esquisse à la volée quelques
scénarios de bande dessinée pour Cattanéo ou Chantal Montellier.
Didier Petit fait appel à lui comme directeur artistique pour quelques
productions In Situ, ce qui est également l'occasion d'une rencontre durable avec Denis Colin.
À partir de 2000, sans se départir de son indépendance fragile, il produit
pour Universal le disque de Michel Portal Minneapolis suivi de quelques
productions franco-américaines qui donneront naissance pour nato à la collection Hope Street.
Avec Sara Remke, il créé en 2003 à Minneapolis, le festival Minnesota sur Seine, lieu de rencontre de musiciens Français et Américains qui connaîtra quatre éditions jusqu'en 2008.
En 2010, nato fête ses trente ans, ce qui est l'occasion de retrouvailles avec le théâtre Dunois et de quelques enregistrements dédiés.
Les amitiés bretonnes de Gerald Martin et Serge Hilbert l'associent - avec Hélène Labarrière et Jacky Molard - au projet Livioù en 2013 et 2014 avec deux festivals à Poullan-sur-Mer et quelques concerts à Douarnenez. Dans le même temps d'autres amitiés, corréziennes celles-là, permettent de développer d'autres projets comme les Chroniques de résistance de Tony Hymas et What matters now d'Ursus Minor.
Avec Hits from the Route 66 de Hymn for Her, il relance la collection Wan+Wan qui comprendra aussi des projets de Sylvain GirO, Zarboth et Barre Phillips.
|
|